"Roméo et Juliette, de la haine à l'amour"

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 Synopsis

Roméo et Juliette, de la haine à l'amour est une comédie musicale française du musicien et auteur-compositeur-interprète français Gérard Presgurvic, créée en 2001 au Palais des congrès de Paris et inspirée de la pièce de William Shakespeare Roméo et Juliette.

Argument

Acte I

La haine ancestrale existant entre les deux familles les plus puissantes de Vérone, les Montaigu et les Capulet, se transforme le plus souvent en violence entre les deux parties. N’en pouvant plus, le Prince de Vérone décrète, sous peine de mort, l’interdiction absolue de tout combat dans la ville entre les deux factions (Vérone). De leurs côtés, alors que Lady Capulet et Lady Montaigu dénoncent la violence des deux clans (La Haine), Roméo (le fils unique des Montaigu) et Juliette (la fille unique des Capulet) sont à la recherche du véritable amour (Un jour). Chez les Capulet, un bal est organisé afin que Juliette puisse rencontrer le Comte Pâris, qui vient de demander sa main (La Demande en mariage, Tu dois te marier). Pendant ce temps, Roméo et ses deux meilleurs amis, Benvolio et Mercutio, traînent dans les rues de Vérone et chantent à tue-tête leur envie de plaisirs simples (Les Rois du monde, La Reine Mab). Plus tard, Roméo confie qu’il a peur. De quoi ? Il ne le sait pas vraiment (J’ai peur). Alors, dans l’espoir de le distraire, Benvolio et Mercutio le persuadent de les accompagner, déguisés, au bal qui se tient chez les Capulet (Le Bal). Là, dès le premier regard que pose Juliette sur lui, Roméo tombe amoureux d’elle, sans toutefois savoir qui elle est exactement (L’Amour heureux). Tybalt reconnaît Roméo,et en informe les Capulet. C’est alors que Roméo et Juliette apprennent par la Nourrice qui ils sont l’un pour l’autre, à savoir l’enfant de leur pire ennemi (Le Bal 2). Dévasté (il aime secrètement Juliette), Tybalt reconnaît qu’il n’est nourri que de haine et de mépris (C’est pas ma faute). Après le bal, Juliette trouve refuge dans sa chambre et rêve de Roméo (Le Poète), qui finalement vient la courtiser en prenant de grands risques, dans le jardin des Capulet. Ils échangent des vœux d’amour, et décident de se marier le plus rapidement possible (Le Balcon). Sachant que leurs deux familles ne seront jamais d’accord sur cette union, Roméo se rend chez le Frère Laurent, et le prie de les unir. Ce dernier accepte, espérant que ce mariage scellera la réconciliation entre les deux familles (Par amour). Le lendemain, Roméo rejoint ses amis, et dit à la Nourrice, dont tout le monde se moque (Les Beaux, les Laids), que le Frère Laurent est d’accord pour célébrer le mariage l’après-midi même. La Nourrice, qui aime Juliette comme sa propre fille, lui annonce la bonne nouvelle (Et voilà qu’elle aime). Finalement, Roméo et Juliette deviennent mari et femme devant Dieu (Aimer).

Acte II

Le lendemain, Benvolio et Mercutio retrouvent Roméo et l’accusent de les avoir trahis (On dit dans la rue). Dans les rues de Vérone, Tybalt cherche Roméo afin de le tuer (C’est le jour). Cependant, il croise d’abord Mercutio, qui le provoque. Refusant de se faire insulter en public, Tybalt le provoque à son tour en duel (Le Duel). Roméo, arrivant soudainement s’interpose entre les deux hommes, et tente de les calmer. Malheureusement, en plein combat, Tybalt blesse mortellement Mercutio. Guidé par la culpabilité, la vengeance et l’insouciance de la jeunesse, Roméo tue Tybalt (Mort de Mercutio). Les deux familles, plongées dans le deuil, réclament vengeance auprès du Prince (La vengeance). Finalement, il bannit Roméo de Vérone et réfléchit à ce que représente le pouvoir (Le Pouvoir). Dans sa chambre, Juliette apprend les deux mauvaises nouvelles par sa Nourrice. Elle se retrouve partagée entre l’amour pour son cousin et celui qu’elle éprouve pour son époux. De son côté, Roméo se réfugie chez le Frère Laurent. Il estime que le bannissement est pire que la mort (Duo du désespoir). Plus tard, Roméo et Juliette passent leur nuit de noces ensemble puis, au petit matin, Roméo quitte sa bien-aimée pour se rendre à Mantoue (Le Chant de l’alouette). À peine son mari parti, Juliette apprend par ses parents qu’elle épousera le Comte Pâris le lendemain matin (Demain). Malgré tout, elle refuse de se plier à leur volonté. Déçu par l’attitude de Juliette, le Comte Capulet chante néanmoins son amour profond pour sa fille (Avoir une fille). Dans sa chambre, Juliette se demande pourquoi elle doit obligatoirement obéir à ses parents (Pourquoi). Alors qu’à Mantoue, Roméo se languit de Juliette, cette dernière rend visite au Frère Laurent, lequel imagine un plan qui, espère-t-il, apportera une fin heureuse pour les deux amoureux et leurs familles (Sans elle). Juliette fait mine d’accepter le mariage avec Pâris, mais, la nuit précédente, elle boit un poison préparé par le Frère Laurent qui lui donnera l’apparence de la mort (Le Poison). Le lendemain, Juliette est déposée dans le caveau familial, espérant trouver Roméo auprès d’elle à son réveil. Malheureusement, le message du Frère Laurent informant le jeune homme de la tromperie ne lui parvient pas, et il apprend, à la place, la mort de Juliette par Benvolio (Comment lui dire ?). Dévasté, il se rend dans le caveau familial des Capulet, trouve ce qu’il croit être la dépouille de son épouse, et la Mort tue Roméo (La Mort de Roméo). Peu après, Juliette se réveille et ne peut que constater le suicide de son époux. Elle s’empare de la dague de Roméo, et s’en sert pour se poignarder (La Mort de Juliette). Le Frère Laurent fait alors irruption dans le caveau, et découvre les cadavres des deux amoureux. Il ne comprend pas pourquoi Dieu a accepté que l’histoire se termine de cette façon et en vient à douter de sa foi (Je ne sais plus). *

Finalement, en mémoire de l’amour de Roméo Montaigu et de Juliette Capulet, les deux familles, se sentant responsables de la mort de leurs enfants, se réconcilient pour dorénavant vivre en paix (Coupables).

Distribution

Note : Les doublures sont indiquées entre parenthèses1.

Chanteurs et chanteuses

  • Roméo : Damien Sargue (Vincent Niclo) puis Vincent Niclo (Hugo)
  • Juliette : Cécilia Cara (Frédérica Sorel)
  • Benvolio : Grégori Baquet (Pino Santoro)
  • Mercutio : Philippe d'Avilla (Nuno Resende)
  • Tybalt : Tom Ross (Nuno Resende)
  • Lady Montaigu : Eléonore Beaulieu (Frédérica Sorel)
  • Lady Capulet : Isabelle Ferron puis Karoline Blandin (Rachel Pignot)
  • La Nourrice : Réjane Perry (Rachel Pignot)
  • Comte Capulet : Sébastien Chato (Philippe Candelon)
  • Comte Montaigu : n'apparaît pas dans cette production
  • Frère Laurent : Jean-Claude Hadida (Arié Itah)
  • Le Prince de Vérone : Frédéric Charter (Arié Itah)
  • Pâris : Essaï (Philippe Candelon)
  • Le Poète : Serge Le Borgne (Esteban Olives)
  • La Mort : Anne Mano puis Béatrice Warrand
  • La Muette : Laurence Filippi
Danseurs et danseuses

Medhi Aït-Arkoub, Antonietta Campolo, Émilie Capel, Anthony Chasset, Fanny Chrétien, Stéphane Fly Corcel, Géraldine Couf, Franck Desplanches, Lionel Desruelles, Tiphanie Doucet, Bérénice Faure, Mickaël Finistère, Franck Folly, Costanza Garrone, Serge Germany, Esther Giacalone, Steeve Guimaraes, Christine Hassid, Guillaume Jauffret, Frédéric Jean-Baptiste, Cyril Journet, Rémy Lailavoix, Stéphanie Lutenbacher, Sara Magistro, Céline Marié, Lilian N'Guyen, Belinda Nusser, Esteban Olives, Sabrina Oukkal, Tommy Pascal, Jérome Piel, Julie Richer, Sabrina Secchi, Candice Thomas, Djeff Tilus, Florent Tortel, Elodie Tuquet-Barbe, Manuel Vignoulle, Thao Vilayvong, Béatrice Warrand

Différences avec la pièce shakespearienne

Contrairement aux dires de Presgurvic, lequel affirme avoir suivi la trame fidèlement, la comédie musicale diffère assez de la pièce originale. La première variation réside dans les dialogues : le texte élisabéthain n'est pas utilisé, à l'exception de la version italienne Ama e cambia il mondo.

L'intrigue a également connu de nombreux changements. Ainsi, presque tous les personnages sont au courant du mariage « secret » des deux amoureux, ce qui renforce l'hostilité entre les familles.

Les morts des protagonistes diffèrent selon la production, certaines s'éloignant grandement du final imaginé par le Barde d'Avon.

Le personnage du Comte Montaigu est absent dans quasiment toutes les versions, la mère de Roméo est le plus souvent veuve. Il est néanmoins présent dans les productions anglaise et italienne, son rôle restant cantonné à de la figuration. En conséquence, Lady Montaigu occupe un rôle plus important : elle est une mère protectrice et une cheffe de famille déterminée, soucieuse de préserver son fils comme son clan. Si elle peut sembler sous-estimer les conflits, parlant avec ironie de « bataille », elle prend conscience de la gravité de la situation lors de l'assassinat de Mercutio et Tybalt. Dans la plupart des spectacles, elle apparaît souvent avec une escorte, généralement des danseurs/danseuses. Si elle est parfois en désaccord avec Benvolio, elle peut compter sur son soutien infaillible. Dans la production hongroise, elle est plus active et virulente, s'opposant frontalement avec Lady Capulet. Lors de la chanson finale Bűnösők (Coupables), effondrée, elle s'appuie sur Benvolio pour se rendre auprès de la dépouille de son fils.

Lady Capulet tient un rôle majeur et représente le plus souvent la voix de la raison. Dans les productions hongroise du Budapesti Operettszínház et japonaise de Toho, elle est en revanche la véritable cheffe de famille ; elle s'avère aussi agressive et virulente que son neveu Tybalt, avec lequel elle entretient par ailleurs une relation très ambiguë. Dans ces cas précis, Lady Capulet apparaît comme un personnage sensuel et séducteur, bien au fait de ses charmes - c'est toutefois la perte de son neveu qui signe la chute morale du personnage. Symboliquement, dans la version italienne, ce sont les mères qui se réconcilient sur les dépouilles de leurs enfants.

Le rôle de Tybalt a lui aussi évolué : d'un personnage très violent et belliqueux, uniquement tourné vers l'honneur de sa maison, il s'est vu doté d'une personnalité plus complexe. Ici, il s'agit d'un jeune homme moins manichéen, son comportement étant la résultante d'une enfance bercée par la haine. Il n'est pas incapable d'amour, la trame de Presgurvic lui prêtant une passion non réciproque pour sa cousine Juliette.

De nouveaux personnages tels que La Mort (productions française, belge, néerlandaise, russe, coréenne, taïwanaise, mexicaine et japonaise) ou Le Poète (production française) n'apparaissent que par effet dramatique. La Mort est incarnée par une femme sur la scène française mais par un homme dans les clips de Vérone et des Rois du monde. Son rôle est masculin dans certaines productions, par exemple dans la version japonaise de Toho et l'adaptation russe.

Concurrence et succès

Le spectacle musical sort en même temps que trois autres créations (Da Vinci, Les Ailes de la lumière, Les Mille et Une Vies d'Ali Baba et Les Dix Commandements), après le grand succès de Notre-Dame de Paris l'année précédente4.

En , les chiffres de vente d'albums atteignent 500 000 exemplaires, les autres comédies musicales de l'époque Les Mille et Une Vies d'Ali Baba et Les Dix Commandements affichent respectivement 200 000 et 700 000 albums vendus5. Le show a rassemblé en France près de 2 millions de spectateurs. Selon Gérard Presgurvic « au total, près de 5 millions de personnes ont vu le spectacle dans le monde ».

Réception

Si le public réserve un triomphe au spectacle, les retours spécialisés sont plus mitigés. La grandiloquence de la musique, la pauvreté des paroles et le casting inégal constituent les principales critiques.

Pour Jean-François Brieu, Cécilia Cara campe « une remarquable Juliette » et Damien Sargue est parfaitement à l'aise dans son rôle, pourvu d'un « visage si romantique qu'il ne pouvait qu'éclater dans une histoire tragique ». A son sens, Roméo et Juliette répond à un besoin très actuel : « entre l'amour et la mort, la jeunesse romantique du XXIe siècle prouve qu'elle ressemble comme deux gouttes d'eau à celle de la guerre, à celle de Saint-Germain-des-Prés, à celle de Mai 68 : elle redoute d'aimer trop, elle souffre d'aimer mal ». Pour l'auteur, le spectacle traduit aussi la scission entre la presse et les spectateurs. Il provoque un « engouement incontestable du show-biz » et un « scepticisme plus ou moins général de la presse », ce qui n'entache en rien son éclat auprès du public : « c'est un succès qui se moque des critiques ».

François Brunet, docteur ès lettres, est beaucoup plus intransigeant envers le spectacle et les libertés prises vis-à-vis de la pièce shakespearienne. A son sens, l'évolution entourant Tybalt n'est pas un choix pertinent : « Tout comme chez Bellini (créateur de l'opéra I Capuleti e i Montecchi), [il] est amoureux de Juliette, ce qui rend l'intrigue banale ». Il loue cependant « les décors avec de beaux effets de changements à vue, et les éclairages, à la fois brutaux et sophistiqués, selon la tradition des concerts de rock ». Il sauve aussi la prestation de Grégori Baquet, seule exception d'un casting qui ne sait « ni jouer, ni parler, ni même se tenir sur scène ».

Journaliste et collaborateur de l'AICOM, Alexandre Raveleau s'interroge sur le certain élitisme de la presse et souligne une fois encore la scission entre les chroniqueurs et le public : « La critique n'a été tendre ni avec Les Dix Commandements, ni avec Roméo et Juliette. Appartiennent-ils vraiment au genre de la comédie musicale ? Sont-ce des shows formatés pour vendre du disque, voire carrément des concerts ? A regarder les groupies s'amassant devant la scène et applaudissant à la moindre apparition des artistes-vedettes, le doute s'installait chez les puristes. Certains ont préféré parler de spectacle musical, comme pour mettre de côté la veine la plus populaire du nouveau musical à la française ».

 

Source Wikipedia